Secrètes Pensées

Pour une échographie de la thyroide.

J'étais pile à l'heure, ce matin à 10 heures, au centre de radiologie.

J'ai attendu 25 minutes.

Je n'aime pas attendre.

Je n'ai jamais compris comment l'heure des rendez vous qu'on nous donne est rarement respectée.

Alors, durant cette attente, je porte mon regard partout où je peux sauf dans le regard de l'autre.

L'autre qui attend lui aussi son tour.

Je trouve intimidant de se regarder ainsi entre inconnus, voire même gênant.

J'essaie de me concentrer sur les photos d'Afrique accrochées dans la salle d'attente.

J'observe à la dérobée les patients.

Qui font sûrement de même.

La petite fille aux grandes chaussettes rouges avec une fleur accrochée tout en haut. 

Qui sort de son sac Hello Kitty en tissu vichy rose un cahier à secrets, rose lui aussi.

La jeune fille ronde qui semble mal à l'aise et qui ne regarde que ses ongles.

Le monsieur d'un certain âge, très chic, aux chaussettes gris foncé, qui lit un vieux Figaro Magazine avec les Beatles en couverture.

Arrive enfin mon tour.

S'allonger.

Un peu de cette substance glacée et visqueuse sur ma gorge.

Et passe et repasse  la sonde.

Tout semble parfait.

Chouette !

Et je vais encore devoir attendre pour les résultats et donc revenir exprès...

J'ai rendez vous avec la psychologue, chez elle, en fin de journée.

J'ouvre mon courrier.

Un bon de vaccination contre la grippe H1N1...

Et je dois chercher par moi même un centre de vaccination.

Du grand n'importe quoi !

Enfin, pour mon cas.

Il a eu la grippe il y a trois semaines.

Une grippe qui l'a cloué à la maison durant une bonne dizaine de jours.

Le médecin a même prescrit du Tamiflu à titre préventif pour moi.

Le Tamiflu est resté à la pharmacie.

Je n'ai rien développé.

Je n'irais pas me faire vacciner.

Je regarde les infos.

Johnny s'est réveillé...

Et alors?

Tout ça pour ça?

Sarko et l'emprunt d'état...

Mouais...

Elle m'agace la Tautou dans la pub du parfum N°5: mièvre au possible !

Je n'ai presque plus de cigarettes.

Il parait qu'il fait froid.

Oui.

C'est vrai.

Un froid piquant.

Vivifiant !

Il fait bon dans mon salon ensoleillé.

Les infos sont déprimantes.

Et je fume...

Je me suis réveillée fatiguée.

Mal partout...

Prendre rendez vous pour une échographie.

Penser à se rendre au labo pour une prise de sang.

Et aussi prendre contact avec la psy.

Voilà le programme d'aujourd'hui.

Le ciel est gris pâle.

Il fait très froid.

Envie de rien...

Tiens.

Je vais lire.

Un truc de fille.

"Fashion circus" d'Imogen EDWARDS-JONES

Résumé : " Imogen est une jeune créatrice anglaise pleine de talent (mais pour l'instant elle est la seule à le savoir). elle veut à tout pris réussir dans l'univers impitoyable de la haute couture. Ambitieuse et déterminée, elle s'entoure des meilleurs: alex, un pote homo qui gèrera les relations presse, Mimi, une copine styliste branchée qui fera les marchés aux puces pour trouver modèles vintage et inspiration, et , vogue la galère !...

A travers des révélations surprenantes et des anecdotes véridiques, l'auteur nous entrîne dans les coulisses de la mode. Un milieu considéré comme la chasse gardée d'une élite où toutes les extravagance et tous les caprices sont permis..."

Dès la première page, on est plongé dans un monde d'alcool et de drogue...

C'est distrayant et facile à lire en tout cas.

Parfait pour une journée grise.

D'une de mes collègues qui s'estime proche de moi.

Consciencieuse, j'ai informé ma boîte que je serais en arrêt maladie la semaine prochaine.

Et cela pour qu'on reporte ou annule les rendez vous prévus cette semaine là.

En apprenant que j'allais être absente, cette collègue m'envoie un texto pour me faire savoir qu'elle serait sur msn le soir.

Bon...

Et alors ?

Je n'ai pas envie de lui parler de la lettre que j'ai reçue,

Ni de mes états d'âme.

Pas du tout envie de satisfaire cette curiosité que je trouve malsaine.

Elle qui se morfond dans son travail et qui passe son temps sur internet tellement on ne lui donne rien à faire.

Elle subit.

Hé bien...

Je crois que je vais prendre du recul, voire garder une certaine distance avec elle.

Je ne mélange pas le travail et l'amitié.

Elle n'est pas une amie.

Juste une collègue de travail.

Voilà la conclusion de mon médecin.

Rien d'étonnant au vue de mes humeurs de ces derniers jours...

Et hop !

Un anxiolytique pour une semaine.

Que je ne prendrais sûrement pas.

Et un rendez vous pour parler à une psy.

Je vais encore devoir me répéter...

C'est le truc qui m'ennuie le plus au fond.

Moi qui suis silencieuse de nature.

Mais il est nécessaire de s'ouvrir par la parole.

Et ainsi de me décharger du fardeau de toutes mes émotions négatives du moment.

Une semaine d'arrêt de travail me fera un bien fou !

J'ai faim...

Des histoires de bureau.

Et se recentrer sur soi,

Sur ses propres envies et désirs.

Devenir égoïste,

Au risque de déplaire.

Mais..

Qu'est ce que ça peut faire ?

Je n'avais jamais vu Ocean's Twelve.

C'est pas mal du tout !

Catherine Zeta-Jones est sublime !

Ben oui...

Moi...

J'en ai marre de tout.

Je dois saouler les (très, très rares) lecteurs avec mes lamentations du moment.

Mais tant pis !

Ici, je peux exprimer ce que je ressens.

Mon humeur oscille entre espoir et désespoir.

Entre gaieté et morosité.

C'est une sensation bizarre.

Un dédoublement de moi-même...

Zut!

Mon médecin n'est pas là...

Je déprime à mort !

Journée de travail sans intérêt.

Hormis celui de recevoir un recommandé de mon très débile de chef!

Faut dire qu'à la dernière réunion, je lui ai dit qu'il était un crétin.

Alors forcément...

Je me suis pourtant fendue d'une excuse.

Ce qui ne me ressemble pas du tout.

M'enfin...

J'irais retirer le recommandé vendredi.

Et je fume...

Ma dernière cigarette de la journée.

On n'a pas envie de penser au lundi.

Et je fume...

En écoutant Emmanuelle Seigner chanter qu'elle est "Dingue".

Hier, c'était la folie en ville.

Impossible de trouver une place de parking !

Donc, je garde encore les livres de la médiathèque.

Toute cette frénésie autour des fêtes de fin d'année me lasse...

Je crois que je suis blasée de tout.

C'est terrible...

D'être ainsi.

Je vérifie mon compte bancaire...

Ch'uis à découvert !

Zut !

Un café !

Une clope !

Vite!

S'habiller !

Et filer à la banque déposer mon chèque de salaire !

Dans ma vie.

Et le vent a soufflé toute la journée.

Un vent glacé.

Les journées de travail s'enlisent dans une monotonie faite d'indifférence et de soupirs.

Chacun n'aspire qu'aux vacances de fin d'années.

Moi,

J'aime pas les fins d'années !

Totale de motivation.

Blablabla...

Rien de bien constructif.

Routine.

Et...

Toujours des regards en coin.

Faut que je déverse ma démotivation quelque part...

Vite !

En ce dimanche, dans le sud de la France.

Je n'ai jamais été fan des dimanches.

Je ne sais pas pourquoi.

C'est un jour trop calme.

Je suis seule.

Il ne reviendra pas avant l'après midi.

Je vais commencer la lecture de 

"N'en faites pas une histoire" de Raymond CARVER

Résumé : 

"Essais, critiques, nouvelles: ce patchwork publié après sa mort est aussi une autobiographie intellectuelle de Raymond Carver. On y découvre un écrivain curieux de tout, généreux dans ses admirations, féroces dans ses critiques à commencer par celles qu'il  s'adresse à  lui même. lecteur de hemingway, de Tchekhov, de Karen Blixen, d'Isaac Babel, Carver a réinventé l'art de la nouvelle. Il a rendu accessible à ses contemporains l'héritage des grands prosateurs européens du début du siècle et dressé la nouvelle cartographie émotionnelle de l'Amérique." 

J'avais lu 'Tais toi, je t'en prie", un recueil de nouvelles publié en 1976, où il décortique la vie quotidienne d'américains moyens.

J'avais beaucoup aimé.

Et si l'inspiration revient, je dessinerai...

Pour créer.

Pour voir émerger l'imagination.

L'après midi m'est peu propice à la création.

Impossible d'avoir une idée concrète.

J'ai beau me pencher sur ma feuille blanche.

Rien ne vient.

Alors, je laisse de côté cette grande feuille immaculée.

Et m'en vais fumer au soleil.

Je reviens de chez la psychologue du travail.

Répéter une énième fois mon ressenti du travail.

Pour entendre ça...

Faut consulter très rapidement !

Ben ouais !

Je me doute que mon état psychique du moment laisse à désirer...

M'enfin...

Ben...

En sortant de la consultation super approfondie de 25 minutes, j'ai opté pour une thérapie par le shopping !

Au point où j'en suis...

Et je prendrai rendez vous avec mon médecin lundi pour une cure de pilules anti-dép !

Yeaaahhhhhh !

Et j'écoute avec délice "Even Thought" de Norah JONES 

Elle reste distante.

Elle se voudrait méprisante à mon égard.

Elle sait.

Elle sait combien je connais ce qu'elle est réellement.

Elle ne sait pas combien elle se noie dans le système qu'elle a inventé.

Et que je suis d'une patience infinie...

Les médisances et l'hypocrisie règnent en maître au bureau.

Voilà qu'une collègue - blonde ! - tente de me discréditer en colportant des propos déformés que j'aurais eu envers une collègue brune.

Ni une ni deux, je m'en vais m'expliquer de vive voix avec la collègue brune après son coup de fil.

Très courageuse la brune de m'en parler au téléphone !

Quant à la blonde, elle ne me connait pas.

Elle apprendra tôt ou tard ce qu'il en est de me faire passer pour ce que je ne suis pas.

Je n'oublie rien et je pardonne rarement.

Voire jamais.

Et sinon ?

J'ai soif !

De me prendre la tête.

D'espérer une évolution positive de sa part.

De perdre mon temps en discussions stériles.

De reporter au lendemain ce que je peux faire le jour même.

De râler.

Heu...

Non, ça je ne pourrais pas ! 

Qui envahissent peu à peu mon être,

Jusqu'à le rendre inerte.

Immobile dans sa gangue invisible de mal être.

Après leur départ vers la frontière,

Ouvrir les yeux vers la lumière dorée du soleil.

S'il avait plu,

Je serais restée dans ma bulle.

Ou telle une somnambule,

Je me serais levée

Me préparer un café.

Et fumer.