Je déprime à mort !

Journée de travail sans intérêt.

Hormis celui de recevoir un recommandé de mon très débile de chef!

Faut dire qu'à la dernière réunion, je lui ai dit qu'il était un crétin.

Alors forcément...

Je me suis pourtant fendue d'une excuse.

Ce qui ne me ressemble pas du tout.

M'enfin...

J'irais retirer le recommandé vendredi.

Et je fume...

Ma dernière cigarette de la journée.

Totale de motivation.

Blablabla...

Rien de bien constructif.

Routine.

Et...

Toujours des regards en coin.

Faut que je déverse ma démotivation quelque part...

Vite !

Les médisances et l'hypocrisie règnent en maître au bureau.

Voilà qu'une collègue - blonde ! - tente de me discréditer en colportant des propos déformés que j'aurais eu envers une collègue brune.

Ni une ni deux, je m'en vais m'expliquer de vive voix avec la collègue brune après son coup de fil.

Très courageuse la brune de m'en parler au téléphone !

Quant à la blonde, elle ne me connait pas.

Elle apprendra tôt ou tard ce qu'il en est de me faire passer pour ce que je ne suis pas.

Je n'oublie rien et je pardonne rarement.

Voire jamais.

Et sinon ?

J'ai soif !

Qui envahissent peu à peu mon être,

Jusqu'à le rendre inerte.

Immobile dans sa gangue invisible de mal être.

Après leur départ vers la frontière,

Ouvrir les yeux vers la lumière dorée du soleil.

S'il avait plu,

Je serais restée dans ma bulle.

Ou telle une somnambule,

Je me serais levée

Me préparer un café.

Et fumer.

J'en ai assez...

De mon job.

En fait, ce n'est pas tant mon travail en lui même que l'ambiance pourrie qui me mine.

Ce que je ressens est indéfinissable.

Un mélange d'ennui, de lassitude, de tristesse, de ras le bol en fin de compte.

Comme si je me détachais de ce que je suis réellement.

Comme si une autre avait pris ma place.

Et déambulait dans les méandres de ma vie.

J'ai envie d'être loin, très loin...

On me conseille de partir.

Mais le moment est loin d'être propice.

Plusieurs collègues rêvent d'un autre horizon.

Mais l'horizon est bouché.

Pour le moment...

Mon esprit est fatigué.

Mon corps aussi.

Non...

Rien ne va plus en moi.

Depuis lundi.

La vie du bureau m'exaspère profondément.

Je me rends bien compte que ça ne va plus.

A de rares exceptions, je m'éloigne de mes collègues.

Je trouve l'ambiance mortellement maussade.

Le déjeuner fut lugubre au possible.

Aucune discussion.

Aucun partage ne serait que du beau temps et de la pluie.

Rien !

Le néant total !

Tout le monde s'observe manger en catimini.

Pathétique !

Alors dès mon repas terminé, je m'échappe.

Et désormais, j'irais déjeuner ailleurs.

Loin de cette monotonie...

Loin de ces regards en coin...

Loin de toute cette pesanteur...

Blip ! Blip ! Blip !

Mais qu'est ce qu'elle fiche ??

Et j'attends....

Que la fille du standard veuille bien décrocher...

Pour un numéro spécial,

Celui du grand distributeur de prestations.

Jamais pu avoir ce fichu numéro !

Car la fille du standard n'a jamais décroché.

Le standard de mon job...

Libérer mon esprit par la lecture.

"Cruels, 13" de Luc LANG.

Résumé du livre:

"En une poignées de fables féroces, Luc Lang saisit et conjugue la brutalité de notre monde contemporain sur tous les tons: c'est drôle, triste, tragique, dérisoire ou douloureux, c'est toujours impitoyable...

Le couple, la famille, mais aussi l'entreprise, le voisinage, la ville ou la route sont autant de lieux qui servent de décors à ces contes sanglants.

On sera tour à tour le salaud qui sème la méchanceté comme les abeilles et le pollen, la victime qui subit la sauvagerie des autres ou encore la proie d'une situation piégée dans laquelle on tombe sans le vouloir."

Waouuuuu! 

C'est super gai !

Tout comme moi en ce moment...

Un seul rendez vous aujourd'hui.

Un seul rendez vous m'a suffit pour la journée entière !

La pauvre dame qui vient me voir pour que j'appelle à sa place son propriétaire.

Elle a quitté son appartement il y a trois mois suite à un conflit avec ses voisins.

Je lui conseille de porter plainte mais elle refuse .

Elle veut changer de logement.

Mais n'a rien fait pour !

Elle pense que si j'appelle son propriétaire, il lui donnera très vite un autre logement.

Elle croie vraiment au miracle !

Elle est partie habiter chez des proches.

Et elle n'a pas payé son loyer depuis qu'elle est partie.

Elle veut que je l'aide à le payer.

Mais bien sûr !

Où est donc cette fichue baguette magique ???

Elle n'a pas non plus payé les factures de gaz, d'eau et d'électricité.

Alors qu'elle a reçu une aide financière pour ces trois précédentes factures en juin.

Mais elle ne demande jamais rien, n'est ce pas ?

"Mais vous comprenez, je n'étais pas chez moi !"

Ça alors ???

En plus, elle me dit qu'elle a une fuite d'eau...

Ben merci la facture d'eau !!!

Hé oui ! Ma petite dame !

Faudra payer l'eau de la fuite !

Misère !

Je ne devrais pas être aussi dure mais là je n'en pouvais plus !

Allez ! Hop !

Trois conseils et puis s'en va...

En fait, ce que je n'apprécie guère, c'est sa façon de me présenter sa situation.

Cette manière de peucherette misérabilisante m'agace au plus au point.

Plus elle en fait, moins je compatis.

C'est plus fort que moi.

Ce n'est sans doute pas très professionnel mais tant pis.

Je crois bien que je suis à un stade de saturation extrême...

Je vais apprécier avec un IMMENSE bonheur le restant de la semaine.

Car je suis en congé jeudi et vendredi !

Youpiiiiiiii !!!!

Et je me trémousse sur "I gotta feeling" des Black Eyed Peas !

Rien de tel pour donner la pêche !

Yeaaahhhhh !!!

Aujourd'hui, en allant au boulot, je me suis trouvée ralentie par un accident d'auto.

15 minutes de retard...

Ma sous chef blonde, qui est aussi un peu conne, oui c'est hyper subjectif, mais j'assume !, m'a demandée de lui faire un courrier pour ce retard et de proposer un rattrapage.

Donc je me suis fendue d'un courrier !

Pffffffttttt !

Du grand n'importe quoi !!!

Et voilà que le gars surendetté, de 39 ans, n'a pas pris la peine de lire la notice explicative pour remplir son dossier de surendettement !

Pauvre mec !

Il s'imagine quoi ?

Que l'assistante sociale fait des miracles ??

Il n'est pas près de retrouver un job à ce rythme là. 

Tu m'étonnes que sa mère en a ras le bol !

Ben moi aussi !

Allez !

Je vais m'en cramer une !

Je crois bien que je suis addict au shopping !

Quelle horreur !

Ben oui..

Surtout pour mon compte en banque !

M'enfin...

Je suis loin d'avoir un découvert.

Il ne manquerait plus que ça !

Je suis contre les crédits.

Je vois trop de gens qui se font avoir avec ça et surtout avec les revolving.

Cette deuxième journée de formation, avant les deux jours de novembre, m'a achevée.

J'ai été très touchée par une jeune femme qui a parlé de sa période de dépression.

Elle ne pouvait pas en parler à ses collègues sinon, a-t-elle dit, elle se serait totalement effondrée.

Ça m'a rappelé des trucs...

Mauvaise période au bureau où j'ai subi des pressions régulières de mon débile de chef

Je me sentais très seule.

Incomprise.

Je n'avais aucune envie d'en parler aux autres et sûrement pas à mes collègues.

Et pourtant, je n'étais pas la seule à subir.

Aujourd'hui encore, très peu savent que j'ai pris des antidépresseurs pour surmonter mon mal être.

Je vais mieux à présent mais je sens bien que je suis loin d'en être "guérie".

C'est peut être pour cela que je ressens une certaine démotivation par rapport à mon job.

D'ailleurs, je viens de postuler pour un emploi plus près de chez moi.

Faudrait peut être que j'en parle à mon avocat, si jamais ma candidature était retenue.

En mars prochain, mon affaire passera devant le juge départiteur aux Prud'hommes.

Allez ! Zou !

Je vais me planter devant une série américaine !

Et ensuite, je bouquinerai avant de m'endormir...

J'adore bouquiner dans mon lit le soir.

De tout le blabla de cette journée de formation.

Une dernière cigarette..

Et je vais me planter devant une série américaine.

Je crois bien que je vais me coucher tôt ce soir.

Pffffouuuuu....

Enfin du temps pour ne rien faire, pour buller simplement.

Cette semaine s'est passée dans le stress.

Et encore une expulsion !

Et la préfecture qui s'affole !

Qui craint un drame...

Pffffouuuuu...

Le propriétaire harcèle le pauvre locataire.

Prendre contact avec l'avocat.

Il ne comprend pas la réaction de crainte de la préfecture.

M'enfin...

Peut être que la saisine du jex retardera l'expulsion.

Au moins pour cet hiver.

Faut que je rappelle la psy du travail.

Cela me fera un bien fou de parler.

Bon... je vais me réveiller avec un bon café.

Enfin SES invités à lui.

Il m'a annoncé ça dimanche dernier à minuit!

Ben merci!

Je déteste quand il décide sans me concerter.

Du coup, il fera tout, absolument tout !

J'avais plutôt envie d'une soirée tranquille à ne rien faire.

M'enfin...

Zut! Ils sont déjà là !

Vive l'apéro !

Hips !

Je suis arrivée en retard...

Pas grave.

Il a fait chaud.

J'ai déjeuné d'un steak frites.

J'en ai eu marre du blabla compliqué d'une collègue qui monopolisait la parole alors je suis sortie boire mon café dehors.

L'après midi n'en finissait plus...

Le débile de chef a fait afficher des consignes pour se protéger de la grippe A.

Eviter les bises me convient tout à fait !

Il ne rentrera pas avant vingt heures.

Quel bonheur d'avoir du temps pour soi !

Je suis une femme qui travaille avec des femmes.

Là où je bosse, il y a 22 femmes et 6 hommes .

Les hommes ne comptent pas vraiment sauf deux dont mon débile de chef.

Je passe donc le plus clair de mon temps à cotoyer et discuter avec des femmes.

Et bosser avec des nanas, ce n'est pas de tout repos !

En particulier côté ambiance générale...

Donc au bureau, on peut noter quelques cas :

La nana qui observe tout de manière très discrète ( croie-t-elle) et qui balance innocement et au moment opportun sur une telle ou une autre.

La nana à l'ambition cachée qui se la joue peucherette, innocente et obéissante qui laisse traîner ses oreilles partout et qui garde secrètement toutes les informations intéressantes et utiles pour elle.

La nana sympa avec tout le monde mais qui se sert de tout le monde et qui retournera sa veste le jour où il y aura du grabuge dans l'air.

La nana fan de bio qui a peur de ramasser une feuille de papier tombée par terre de peur d'attraper plein de microbes, qui ne fait jamais la bise ( ça encore je m'en fiche car je ne suis pas non plus fan de bises) et qui se brosse les dents après la pause déjeuner tout en s'observant dans le miroir des toilettes.

La nana qui est censée être votre supérieure hiérarchique qui a peur du débile de chef , qui ne prend de décisions que pour se protéger elle-même et qui n'a pas hésité à faire de la délation sur moi.

La nana tellement polie et pétrie de manque de confiance en elle que du coup elle se complique la tâche.

La nana BCBG qui pense que les "pauvres" vivent sur le dos de l'Etat.

La nana dont la seule préoccupation c'est parler d'elle-même, de son bébé et encore d'elle même et qui, la pauvre, est tout le temps débordée de travail mais visiblement pas de blablas.

La nana (en fait elles sont trois) qui papote du matin au soir de ses enfants, de son mari, de son week end, de cuisine , de tupper et qui trouve qu'elle a trop de travail.

La nana qui se désole de ne pas être assez payée mais qui reste parce qu'après tout vaut mieux ça que rien (bon... elle n'a pas tout à fait tort...)

La nana qui se plaint tous les jours de venir travailler mais qui reste pour le salaire et les avantages, une vraie langue de vipère celle là!

La nana, secrétaire de direction, qui ne supporte plus son job, qui laisse exprès les fautes de français du débile qui nous sert de chef et qui en fait le moins possible.

Et moi ??

Ben moi...

Je râle !

Je bougonne !

Je bosse et parfois je fais semblant de bosser...

Je traîne sur les dossiers.

Je ne supporte plus l'ambiance de non dit, de jalousie larvée, d'hypocrisie, de regards en coin qui règne au bureau.

Il paraît qu'ailleurs c'est la même chose...

Ce n'est guère rassurant.

J'ai bientôt un rendez vous avec le médecin du travail.

Je demanderai à rencontrer le psychologue du travail.

Je crois que j'en ai besoin car je sens bien que je sature totalement et ce n'est guère professionnel de laisser les émotions prendre le dessus dans le travail.

Et je fume...

MERCI !

Aux lecteurs, quotidiens ou de passage, qui laissent des commentaires. 

A me caler tant de rendez vous en une seule journée !

Impossible d'avoir un véritable moment de répit.

En plus, la famille expulsée a refait surface...

Evidemment...

Et la mère de famille qui me critique dans mon dos alors que, durant des mois, elle ne s'est pas bougée pour résoudre vraiment sa situation.

Pffffouuuuuu !

Si ce n'est pas un problème de fric, ce sont des problèmes de santé sinon c'est l'absence d'horizon radieux...

Mon quotidien au bureau devient lourd à supporter certains jours.

Et encore téléphoner à l'un, à l'autre...

Ecrire et encore et encore...

Et en voilà encore un qui va se faire expulser !!!

Et qui tente vainement de me rassurer en déclarant qu'il va sûrement trouver un job !!

Ha ouais ?

Ben... Il serait temps qu'il se bouge !!

Parce que je ne suis pas du tout certaine qu'il supporterait de se retrouver au foyer d'hébergement d'urgence, tellement c'est hyper crado et plein de gens paumés au possible...

Il est bien possible qu'il soit lui aussi super paumé....

Faut absolument que je demande une formation sur la gestion du stress !

Journée dense...

Enchaînement de rendez vous,

De sonneries téléphoniques, d''appels, de rappels,

De blablas.

Une famille sera expulsée demain matin à 9 heures.

Madame et son compagnon ne peuvent pas payer les charges d'eau.

Mademoiselle doit plus de 7 000 euros à la caf.

Mademoiselle vient avec une dette de loyer, une dette d'électricité et ne sait pas quoi faire de sa vie de mère débordée de deux gamins.

Téléphoner au commissariat.

Parler avec l'agent de police complètement désabusé des expulsions.

Parler à ma chef de l'expulsée de demain.

Et enfin...

Sortir du bureau.

Fumer en croyant dé-stresser.

Mettre la musique à fond sur la route du retour...

Je suis crevée !!

A se prendre tout seul la tête parce que la box qu'on vient de nous changer ne fonctionne pas.

A marcher de long en large lorsqu'il est au téléphone...

Ça m'agace prodigieusement !!

Au point de vouloir le plaquer...

Pas envie de bouger...

Et je fume...

En écoutant de la musique.

Je crois que je déprime...

Pffffouuuuuu.....

D'une journée avec peu de mots prononcés de ma part...

Pas envie de lui parler..

Pas envie de quoi que ce soit...

Rien...

Du vide total !

Et il attend...

Que je décide de tout !

Que j'agisse pour deux,

Plus envie d'effort quelconque.

Et la chaleur qui persiste et immobilie tous mes sens...