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Secrètes Pensées
les gens
4 juin 2015

Souffrance

Elle est arrivée en avance.

Je la reçois.

Et je lui pose les questions habituelles.

Comment va-t-elle ?

Quoi de neuf depuis la dernière fois que nous nous sommes vues ?

Rien.

Non pas si rien que ça.

Elle s'est enfin décidée à voir un psy.

Elle me dit qu'elle commençait à vouloir se faire du mal.

A vouloir se scarifier.

Hou la la !

Elle en a parlé à son médecin généraliste qu'elle connait depuis longtemps.

C'est lui qui a décidé qu'elle devait absolument consulté un psy.

Elle en a rencontré un premier avec lequel ça n'a pas accroché.

Elle en a vu un autre.

Avec lequel elle arrive à exprimer.

 Elle a parlé de son passé.

D'un secret qu'elle porte en elle, et, qui, bien sûr, doit absolument le rester.

Personne ne doit savoir et surtout pas ses deux enfants.

Je suis à présent la troisième personne qui sait.

J'ai deviné de quoi il s'agissait.

Et j'ai compris la honte, le dégoût d'elle-même et la culpabilité qui la rongent.

Elle explique qu'elle a fait ça pour sa mère qui lui en demandait tant.

Une mère assoiffée, toujours dans le besoin.

Le besoin d'argent.

Besoin qui occulte autre chose.

Une chose sans doute toute aussi indicible que le secret.

Elle dit qu'elle ne sait pas dire non.

Encore aujourd'hui.

Sa mère la "dévore" par une torture émotionnelle.

Elle raconte que sa mère ne se comporte comme ça qu'avec elle.

La première des quatre enfants.

Que sa mère a été mariée jeune.

Un mariage "arrangé".

Je dirais plutôt "dérangé".

Elle me parle ensuite de son fils âgé de 17 ans.

Qui ne s'aime pas beaucoup en ce moment.

Et qui a commencé à développer une anorexie depuis quelques semaines.

Ce que ne peut exprimer l'esprit, le corps s'en charge.

Très bien.

Trop bien.

Trop loin quelques fois ...

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28 mai 2015

Vous êtes comme ma famille pour moi...

Le premier rendez vous de la journée a vu arriver le jeune homme en procédure d'expulsion, dont j'avais parlé il y a quelques temps.

Nous avions rendez-vous avec une collègue, que je rencontrais pour la première fois, d'un organisme pour un accompagnement lié au logement.

Il est arrivé à l'heure.

Un peu stressé. 

Très poli.

Durant l'entretien, il m'a remercié à plusieurs reprises.

Déclarant que je lui avais remonté le moral, que je l'avais motivé à se bouger, que ce que j'ai pu lui dire lui avait fait du bien.

Et que personne n'avait fait ça auparavant.

Heu...

Faudrait pas exagérer !!!

Il s'est dévoilé.

Il n'a pas connu ses parents et a été élevé par sa grand-mère.

A 17 ans, il est parti en "vrille" et a fait tout un tas de conneries qu'il a payé en années d'incarcération.

Il y aurait eu un mandat d'arrêt européen et il aurait finalement été retrouvé en Belgique.

Quelle histoire !!

C'est dire s'il a du potentiel !

Ce que je lui ai d'ailleurs dit.

Après son départ, nous avons fait un bref point de situation avec la collègue et nous avons conclu que la situation de ce jeune devrait évoluer positivement s'il reste motivé.

Je suis toujours très gênée lorsque les gens me remercient avec autant d'effusion.

Je conçois mon métier autrement qu'en simple "gratte-papier" et si je peux apporter du réconfort par l'écoute et la parole, je me dis que c'est beaucoup pour des personnes qui ne sont pas souvent voire jamais écoutées, comprises et encore moins véritablement considérées.

Et j'avoue que j'aime bien voir les gens sourire.

26 mai 2015

Que dire...

Face à une personne en détresse ?

J'ai reçu, ce matin, une jeune femme, mère de deux enfants, qui me décrit son problème de santé.

C'est la dermatologue qui a diagnostiqué une maladie de peau orpheline.

Une maladie qui survient à des endroits précis du corps, endroits qui touchent à l'intimité.

Maladie qui a des conséquences sur la vie quotidienne.

Beaucoup de conséquences.

Elle s'est mise à pleurer...

Zut ! Zut ! Zut !

Elle se sent "sale".

Elle me dit que si elle n'avait pas ses enfants...

Ho non !

Et mince !

Je l'écoute.

Et j'essaie de lui remonter le moral.

De lui dire que malgré cette fichue maladie, elle peut organiser sa vie à son rythme.

Que ce n'est pas bien grave si elle met du temps pour faire son ménage.

Qu'elle doit prendre son temps et tenter de vivre l'instant présent malgré la douleur, malgré la souffrance.

Qu'elle doit prendre soin d'elle et de sa famille.

Elle a sourit.

J'ai rajouté que je la trouve charmante, intelligente et courageuse.

Ce qui est vrai.

Et que, non, je n'ai pas vraiment envie de la voir dépérir.

J'avais les larmes au bord des yeux mais je me suis ressaisie.

Quand j'y repense, à l'heure où j'écris ces mots, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue pour elle...

6 mai 2015

Mercredi, c'est la folie !

Journée bien remplie !

Ma permanence  s'est trouvée saturée.

8 personnes sont venues.

6 aides financières à instruire !

Chouette !

Pffffouuuu...

Une dame qui ne peut pas payer sa facture d'électricité.

Deux autres dont le loyer est devenu trop élevé et qui, donc, ont une dette locative de plus de 1 000€.

Un autre qui lui aussi ne peut pas payer sa facture de gaz.

Il prend deux douches par jour !

Il essaie de calmer ses angoisses existentielles par le sport.

Une dame qui demande une aide pour que son enfant parte en séjour scolaire.

Et une autre qui ne perçoit plus son RSA.

Et qui attend la régularisation de son dossier administratif par le grand distributeur de prestations sociales.

J'ai reçu une dame suivie par une collègue absente.

La nana de l'accueil me dit que c'est urgent.

Agent d'accueil qui s'affole toujours pour un rien !

Pfffouuuu...

Elle a dit que c'était écrit dans la note de service et que je me devais de recevoir si c'était urgent.

Pathétique !!

Je lui ai répondu que je m'en fichais de cette note !!

Cette dame s'entête à vouloir aller en justice contre son propriétaire, que je soupçonne d'être un marchand de sommeil.

Elle veut se pourvoir en cassation.

Je lui ai dit que c'était un peu vain.

Et qu'elle devait plutôt consacrer son entêtement à rechercher un autre logement car, malheureusement, une décision d'expulsion a été décidée pour début juin.

Elle a pleuré...

Pfffouuuuu...

Gros soupir...

J'aime pas trop quand les gens pleurent...

Ça me touche plus que je ne le veux ...

Je comprends sa volonté de vouloir être reconnue  dans sa situation d'injustice.

Mais, à un moment donné, il faut savoir lâcher prise et adopter un autre point de vue pour faire évoluer une situation sans issue.

Ma collègue le lui a déjà dit.

J'espère qu'elle aura entendu.

J'ai donné des tickets resto à un monsieur, charmant au demeurant mais marié, qui attend lui aussi la régularisation de son dossier par ce p..... de distributeur de prestations sociales !

Et la dernière personne que j'ai reçu, à 16 heures 45, c'est l'obsessionnelle de service à l'oncle acariâtre, qui ne cessait de répéter qu'elle devait remplir sa déclaration d'impôts et qu'il lui fallait absolument fournir une attestation de paiement de ses prestations !

Elle m'a achevé !!!

Vivement le week end !!

5 mai 2015

Mardi au bureau

Et voilà, retour au bureau !

Pour trois jours, heureusement, ouf !

Une bonne douzaine de messages en mon absence...

Toutes les collègues de mon bureau sont enfin équipées d'ordinateurs.

J'ai paramétré les ordis de la mielleuse et de la jeune collègue pour l'accès à l'imprimante.

Je suis trop gentille !

Mais, au moins, nous sommes à même de travailler correctement et c'est ce qui compte avant tout.

J'ai eu une discussion intéressante avec une jeune femme, mère de trois enfants.

Son fils aîné de treize ans, qu'elle appelle "Bébé" fait des siennes.

Ses notes ont chutés.

Elle dit qu'il lui reproche son trop d'attention au dernier, "mon chat", qui a huit ans. 

Et, qui, lui, a de très bonnes notes à l'école.

Il est jaloux, dit-elle.

Il le lui a dit.

Elle a discuté des notes avec ses profs.

Ils lui ont déclaré qu'il se comportait en "Bébé" !

Je lui ai donc conseillé d'arrêter de l'appeler ainsi.

En "creusant" un peu, elle a pris conscience qu'elle passait peu de temps avec lui seul.

Je lui ai proposé de passer plus de temps avec lui en tête à tête.

Le soir, par exemple, au lieu de lui faire le bisou "vite fait", de rester un petit moment avec lui dans leur bulle.

Chaque enfant a besoin d'un moment privilégié avec son parent, mère ou père.

Quand bien même il se passe peu de choses mais c'est un moment qui me semble important.

Un moment où l'enfant peut ressentir un bien être tout bête à être avec un parent qu'il aime.

Elle était ravie !

Nous avons abordé la question du père des enfants dont elle est séparée.

Ce père qui ne sait pas comment "faire" avec ses enfants.

Dommage...

Elle avait une envie de parler !

Elle s'est racontée sur des choses plus intimes.

Sa prise de poids depuis qu'elle a arrêté de fumer : 25 kilos.

Elle me raconte que, dès le matin, elle mange sans avoir faim.

Je lui réponds qu'elle "se remplit" peut être symboliquement.

Chacun remplit "son" vide comme il peut.

Elle ne veut pas voir de psy.

Elle préfère me parler.

Je vais finir par me réorienter professionnellement !!

Bon !

Une dernière cigarette et une petite vodka !

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